Convaincre plus vite les jeunes médecins que la profession de médecin expert est passionnante et variée
Entretien avec Isabelle Bastien sur le programme Dr Expecto, les leçons tirées et les perspectives d'avenir !
Barbara Van Speybroeck (BVS) : Isabelle, tu es active chez Assuralia depuis 23 ans en tant que conseillère Affaires sociales et Études. Il y a trois ans, tu étais avec ton équipe l’une des chevilles ouvrières de la création de l’asbl « Dr Expecto ». Peux-tu nous dire brièvement comment le projet a vu le jour et qui est à l’origine de l’asbl ?
Isabelle Bastien (IB) : Expecto est une asbl qui a été créée en 2019 par trois associations: Assuralia et les fédérations de médecins experts, à savoir Abefradoc et Benevermedex. L’asbl est née du constat d’une évolution inquiétante, à savoir que trop peu de médecins accèdent à la profession de médecin d’assurance, ce qui se traduit aujourd’hui par une grave pénurie sur le marché, avec toutes les conséquences qui en découlent.
Expecto a dès lors une double mission : d’une part, servir de relais entre les médecins expérimentés et les jeunes médecins qui souhaitent devenir médecin expert ou diversifier leurs compétences. Nous le faisons en organisant des stages pour des médecins et en subventionnant les maîtres de stage à cette fin grâce aux contributions d’assureurs. D’autre part, nous informons mieux sur les avantages de la profession grâce à un site Web d’information spécifique (www.dr-expecto.be) et à des sessions d’information organisées à des universités et des salons de l’emploi.
BVS : Concrètement, qu’est-ce qui diffère par rapport au passé ?
IB : Auparavant, les stages en médecine d’assurance et expertise médicale n’étaient pas organisés de manière structurée. Ils avaient lieu ici et là, sur une base individuelle, mais en l’absence d’un quelconque soutien ou encadrement. Cela n’a évidemment pas permis de promouvoir la discipline, ni de contribuer à sa perception positive. Grâce à cette collaboration sous la forme d’Expecto, nous informons non seulement mieux, mais nous soutenons également différentes possibilités de stage : en fonction des circonstances, un contrat d'un an ou deux est possible et les stages à temps partiel font également partie des possibilités.
BVS : Quels sont jusqu’à présent les résultats de la campagne ?
IB: Expecto a commencé comme projet pilote pour une période de trois ans, mais est devenue entre-temps un outil important pour informer, soutenir et accompagner de potentiels candidats médecins, tout comme leurs maîtres de stage. À ce jour, 12 nouveaux experts ont été formés (5 en Wallonie et 7 en Flandre), et tous considèrent cette expérience comme particulièrement positive. La plupart d’entre eux ont même obtenu un contrat à durée indéterminée chez le maître de stage ! Une situation win-win donc pour toutes les parties. Cinq stages sont pour le moment toujours en cours. La plupart des médecins optent pour un stage étalé sur deux ans. Il s’agit souvent de jeunes médecins, mais Expecto est également ouvert à la formation de médecins expérimentés qui souhaitent réorienter leur carrière professionnelle vers cette profession.
BVS : Quels sont les défis pour le futur ? IB:
Communiquer, informer et sensibiliser demeure le message principal. Bien que la profession présente de nombreux avantages (contact avec diverses pathologies, autonomie de travail, équilibre entre vie professionnelle et vie privée), cela reste un défi d’attirer des étudiants et des médecins vers la profession ainsi que de trouver de nouveaux médecins experts motivés et qualifiés, disposés à assumer le rôle de maître de stage. Le temps d’un expert est précieux, certainement si l’on tient compte de la pénurie ..., mais l’investissement dans la formation d’un futur collègue en vaut évidemment la peine. Nous devons également faire évoluer le stage proprement dit, notamment en trouvant le bon équilibre entre la pratique sur le terrain (hôpital, départements spécialisés) et les expertises pures au sein du cabinet. Enfin, nous devons être attentifs aux évolutions sur le plan des normes de stage. Au niveau du fédéral, il existe des projets pour adapter celles-ci, ce qui aura un impact sur l’agrément. Si les normes sont adaptées, Expecto devra évoluer avec celles-ci afin que cela ne constitue pas un problème pour les agréments futurs.